La ronde des civilisations

civilisation

La longue histoire humaine n’est qu’une succession de civilisations qui, sur tous les continents, sont passées par différents stades de développement, jusqu’à connaître leur apogée, le sommet de leur grandeur et de leur rayonnement, puis se sont effondrées de façon plus ou moins brutale.

Rien n’est éternel en ce bas monde. Il n’y a donc aucune raison de penser que notre glorieuse, notre arrogante, notre orgueilleuse « civilisation occidentale », pourrait être, elle, incontournable et immortelle !

L’actualité est en train de nous rappeler que l’histoire ne s’arrête jamais.

Cette civilisation de l’égoïsme à outrance, de l’injustice, de la corruption et de l’avidité ne tient plus que par un fil ténu. Elle va tomber comme un fruit mûr, victime de ses propres failles, de ses anomalies intrinsèques.

Dès le mois d’avril 1989, le FMI et la Banque mondiale annonçaient que la crise économique globale était en train de se convertir en « calamité humaine ». Les deux institutions déclaraient à leurs 185 membres que cette crise globale, « la pire depuis des générations », avait déjà précipité plus de 50 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Deux ans plus tard, la tendance s’est poursuivie et amplifiée, et une nouvelle famine gravissime se déclare en Afrique.

Des économistes de renom comme Philippe Dessertine, Paul Jorion ou Serge Latouche sonnent le tocsin et la fin de la récré. La plupart s’en réjouiront car dans cette récré-là, seuls quelques veinards jouaient aux billes et s’amusaient dans la cour ; les autres : punis en permanence.

Ces spécialistes visionnaires annoncent « la fin d’un monde », un « séisme financier planétaire », un « capitalisme à l’agonie », et la naissance d’ « une société d’abondance frugale ».

L’hebdomadaire Marianne vient de titrer en couverture « L’effondrement d’un système ».

Ne nous voilons plus la face : nous y sommes. Faut-il être surpris ? Faut-il avoir peur ? Certainement pas !

Lorsqu’une femme accouche, elle peut souffrir beaucoup, mais quelle joie dans son cœur !

Personne autour d’elle n’est désolé ; personne ne la plaint ; tout le monde se réjouit.

La grandeur d’une civilisation ne se mesure pas à son PIB, à sa technologie, à son niveau de développement, à ses gouvernements ou son système économique.

La seule mesure de sa grandeur est la façon dont elle traite les faibles, les pauvres, les analphabètes, les enfants, les femmes, les animaux, les minorités ethniques, les minorités d’orientation sexuelle, les malades mentaux, les criminels, les suspects de crime, les handicapés de toutes sortes, les combattants ennemis, les populations ennemies non-combattantes, les personnes âgées, et la terre nourricière.

A l’aune de ces critères, qui pourrait dire que nous sommes une civilisation brillante ?

Les modèles du passé sont obsolètes. Ils ont amplement démontré leur incapacité à résoudre les problèmes cruciaux qui affectent la planète. Il faut nous réjouir du changement qui vient et l’accompagner de tout notre cœur, chacun avec ses compétences, ses possibilités et ses talents.

On observe déjà que le nouvel âge naît sous les meilleurs auspices : les super-riches demandent à partager un peu mieux leur richesse ! Belle trouvaille ! On se demande vraiment pourquoi il aura fallu tant de temps pour que cette solution soit proposée, alors qu’on se contentait jusqu’ici de demander aux pauvres de se faire la charité entre eux.

Oui, des signes forts sont d’ores et déjà là d’une nouvelle civilisation qui, si elle veut durer plus longtemps que la malheureuse civilisation du capitalisme, devra nécessairement exprimer l’amour inconditionnel pour tous les êtres vivants et assurer un partage équitable des ressources globales.

Article publié dans la revue Soleil Levant – septembre 2011. www.soleil-levant.org

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *